Réconciliation


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Les croisades

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Message par BUCK Ven 4 Jan - 16:26

La Croisade de Frédéric II

Tout l'espoir de la future croisade, car ce serait mal connaître la papauté que de la supposer découragée par le désastre de Damiette, reposait sur le jeune empereur Frédéric II. Peut-être si les deux pouvoirs, l'empire et la papauté, avaient su s'entendre et combiner leurs efforts, eût-on pu obtenir le succès tant cherché. Cet accord par malheur était chose impossible, l'une des deux parties eût dû se soumettre à l'autre, et il était impossible d'exiger pareille humiliation du successeur de Grégoire VII ou du petit-fils de Frédéric Barberousse.

Frédéric II avait pris la croix en 1215, mais avait remis son départ d'année en année. Très ambitieux, la ferveur lui manquait, et il ne voyait dans cette expédition qu'un moyen d'asseoir sa domination dans la Méditerranée orientale. On comptait sur son arrivée au camp de Damiette ; on l'attendit inutilement. Aussi, dès 1221, le pape Honorius le menace déjà d'excommunication, s'il tarde plus longtemps à partir. L'empereur ne s'en hâte pas davantage; remettant son expédition de mois en mois, d'année en année, il atteint l'année 1227. Mais alors il montre plus d'activité ; devenu gendre du roi de Jérusalem, Jean de Brienne, héritier des droits de ce prince, il est tout disposé à défendre ses nouveaux domaines. Il envoie une petite armée en Terre sainte, fournit de l'argent à son beau-père et s'engage à partir lui-même dans les deux ans. Sur ces entrefaites Honorius III meurt (1227); il est remplacé par Grégoire IX, vieillard colérique et autoritaire, qui va tout brouiller par ses exigences impolitiques. De nombreux pèlerins, sont réunis à Brindisi, mais ils manquent de vivres; la peste se met parmi eux et décime la future armée de la croisade, qui finit par se disperser, Frédéric II, qui dès septembre 1227 a envoyé une grande flotte en Syrie sous Henri de Limbourg, va lui-même mettre à la voile, quand il tombe malade. C'est le moment que choisit le pape pour l'excommunier (septembre 1227). A peine rétabli, Frédéric II n'en continue pas moins ses préparatifs; en avril 1228, il tient l'assemblée de Barletta et part au mois de juin suivant.

L'empereur avait un double but : rendre la sécurité à la Terre sainte par des traités solides, et rétablir la tranquillité dans le royaume latin. Il commence par s'arrêter à Chypre, puis arrive à Acre (septembre 1228); mal accueilli par le clergé latin et par les barons francs, il cherche à tirer parti de l'inimitié entre les sultans d'Égypte et de Syrie, entre en rapport avec Alkamil, envoie une ambassade au Caire et demande la restitution de Jérusalem. Premier refus du sultan; Frédéric II fait alors mine de recourir aux armes, et, en février 1229, le traité est signé. Jérusalem est rendue aux chrétiens; seule la mosquée d'Omar avec son enceinte reste aux musulmans, qui pourront y pénétrer en tout temps à condition d'être sans armes. On ajoute à la ville une bande de territoire jusqu'à la mer, avec Bethléem et Nazareth; les captifs chrétiens sont délivrés; enfin on stipule une trêve de dix ans et dix mois. Ce traité était excellent, mais ni la papauté, ni le clergé latin, ni même les chrétiens d'Orient ne surent aucun gré de ce succès à Frédéric II; le pape cependant fait occuper, par Jean de Brienne, une partie du royaume de Naples; et le lendemain même du jour où l'empereur s'est fait couronner roi de Jérusalem (17 mars 1229), Gérold, archevêque de Césarée, frappe la ville d'interdit; la même sentence frappe Acre où Frédéric s'est réfugié; l'empereur se hâte de regagner l'Italie après avoir garni de troupes allemandes les principales places de son nouveau royaume.

La croisade de 1239 et 1240

Dès l'année suivante, Grégoire était obligé de signer la paix à San Germano, d'absoudre l'empereur et d'approuver le traité passé avec Alkamil (1230), mais les légats pontificaux en Syrie ne s'en montrent pas moins hostiles à l'autorité impériale et prennent toujours, dans les guerres qui désolent le royaume latin et l'île de Chypre durant les années suivantes, le parti des Templiers et des barons, ennemis de Frédéric II. Le traité de 1229, mal respecté par les musulmans, qui ne se gênent point pour massacrer les pèlerins et pour dévaster les environs de Jérusalem, reste donc sans effet et la situation du royaume latin n'en est pas sensiblement améliorée. Le pape avait reconnu pour valable la trêve de 1229, laquelle expirait en 1240; dès 1231, il pense à une nouvelle croisade, envoie dans toute l'Europe des prédicateurs et des légats, chargés de recueillir de l'argent et de lever des troupes. Chaque printemps voit dès lors partir de petites troupes de pèlerins armes, qui vont gagner les lieux saints. En 1239, une armée plus forte se rassemble à Lyon; elle compte les plus grands seigneurs de France; Thibaut, roi de Navarre; Hugues, duc de Bourgogne; Pierre, comte de Bretagne; Amaury de Montfort; Jean, comte de Bar, etc. Des croisés, les uns vont s'embarquer à Marseille, les autres à Brindisi; ils arrivent à Acre au cours de l'automne. Ces renforts auraient sans doute permis aux chrétiens de Syrie de reprendre l'offensive et de profiter des discordes entre les fils d'Alkamil. Mais la direction suprême manquait; après une course heureuse vers Damas, on se dirige sur l'Égypte ; une partie de l'armée est battue près de Gaza par les troupes égyptiennes (novembre 1239); le reste se replie sur Acre, et la plupart des croisés se décident à repartir.

En 1240, arrive un nouveau continent, anglais cette fois, et commandé par Richard de Cornouailles, frère de Henri III, roi d'Angleterre (octobre 1240). Plus politique que les chefs qui l'ont précédé, il se décide à conclure la paix avec l'Égypte (février 1241)) ; les captifs sont rendus moyennant rançon, et après avoir muni Ascalon de fortes défenses, Richard revient en Europe (mai 1241). La Syrie était alors en pleine guerre civile; tandis que les chrétiens se liguent pour effacer les dernières traces de l'autorité royale et résister aux officiers de Frédéric Il, les princes musulmans se font une guerre acharnée. Le sultan d'Égypte, Eyoub, pour rétablir son autorité, appelle à son secours une armée de Turks, les Kharismiens. Chassée de ses campements par les Mongols, cette tribu était venue se mettre au service des Turcs Seldjoukides et s'était fait redouter de tous par sa valeur indomptée et sa rudesse. A l'appel du sultan d'Égypte, elle inonde la Syrie et se dirige sur Jérusalem (septembre 1244). Le patriarche et la majeure partie des habitants ont abandonné la ville; les ennemis tuent tous ceux qu'ils trouvent, pillent et souillent les églises, vont faire la même besogne à Bethléem, puis joignent l'armée égyptienne à Gaza. Le sultan Eyoub rompt alors le traité et marche sur Acre; le 18 octobre 1244, il détruit l'armée chrétienne près de Gaza même; la majeure partie des chevaliers de Syrie sont tués ou faits prisonniers. Puis il se retourne contre les sultans de Syrie, alliés déclarés ou secrets des Latins, prend Damas (1245) et reconstitue ainsi l'empire de Salah-eddin à son profit; enfin, après s'être débarrassé des Kharismiens, trop puissants auxiliaires, il prend Ascalon en 1247. La chute de Saint-Jean-d'Acre paraît, dès lors, imminente, la principauté d'Antioche est sérieusement menacée par les Turcs et les Mongols. C'est à ce moment que se place la première croisade de saint Louis.

La septième croisade

Le véritable successeur de Grégoire IX (mort en 1241) fut non pas Célestin IV, mais Innocent IV (élu en 1243). Ce pontife, ardent et actif, tout en continuant la lutte contre Frédéric II, n'oublie pas la Terre sainte; au concile de Lyon, en 1243, il impose aux princes de l'Europe une trêve de quatre ans, frappe le clergé d'une taxe d'un vingtième de ses revenus, contribue lui-même pour une forte somme; enfin, il noue des négociations avec les musulmans d'Égypte, dans le but de rendre moins précaire la situation des chrétiens d'Orient, et entre en relations avec les Mongols, qui, ennemis mortels du califat de Bagdad, jouent, en Asie, le rôle d'auxiliaires des princes latins.

Mais l'Europe se montre indifférente; les princes continuent à guerroyer les uns contre les autres; enfin le pape lui-même, entraîné par sa lutte contre l'empereur, en arrive à détourner au profit de cette croisade d'une nouvelle espèce les ressources qu'il a su réunir pour l'expédition d'outremer. Une nouvelle croisade semblait donc chose bien douteuse; pour tenter pareille aventure dans cet âge déjà tiède, il fallait un prince encore imbu de l'esprit du XIe siècle. Louis IX se trouva à point nommé; si la France y gagna indirectement en renom et en éclat, on doit regretter le zèle intempestif qui, après avoir conduit le roi sur les bords du Nil, le fera mourir plus tard sur les côtes d'Afrique, qui, enfin, fit périr la fleur de la noblesse et décima les forces militaires du pays. On était à la fin de 1244, et on venait d'apprendre avec consternation la destruction de Jérusalem par les Kharismiens; saint Louis, sur ces entrefaites, tombe malade et, pendant plusieurs jours, on le croit condamné. Déjà on a perdu tout espoir, quand il revient subitement à lui, se dit guéri et demande la croix. On traite cette demande de fantaisie de malade; on finit, après quelque résistance, par lui imposer le signe fatal pour ne point le contrarier. Mais sa résolution était immuable, rien ne peut l'en détourner et, à peine guéri, il prend toutes ses mesures pour exécuter ce désastreux projet.

Au surplus, il doit bientôt reconnaître qu'il est seul animé de pareils sentiments; si les chevaliers de France imitent son exemple, c'est plutôt par point d'honneur, par affection pour leur roi. Les souverains étrangers restent insensibles à son appel; Haquin (Aakon), roi de Norvège, promet de partir, puis renonce à accompagner le souverain français; le roi d'Angleterre ne voit dans la croisade qu'un moyen de remplir ses coffres; le roi de Castille mourra avant d'avoir pu accomplir son voeu. Frédéric II, enfin, fait, il est vrai, des promesses magnifiques, mais, avant tout, il veut que Louis IX l'aide à fléchir le courroux du pape, et le roi de France échoue dans cette oeuvre impossible; tout ce que l'empereur peut faire pour lui, c'est lui faciliter la traversée. Aussi l'armée qui, après de longs retards, s'embarque à Aigues-Mortes et à Marseille (août 1248), était-elle assez faible et composée presque uniquement de Français ou de mercenaires à la solde de la France. Elle eût été suffisante, toutefois, si saint Louis avait été un grand général; mais, chevalier éprouvé, esprit éminent, il n'avait point les qualités d'un chef d'armée. Les croisades précédentes avaient échoué faute de discipline; celle de 1248 allait échouer faute d'un général.

L'objectif de l'expédition était l'Égypte. La flotte atteint d'abord Chypre, où l'on avait, depuis deux ans, accumulé des provisions. Saint Louis comptait n'y séjourner que quelques jours; la nécessité de rallier ses vaisseaux, dispersés par une tempête, d'y attendre les retardataires, l'oblige à hiverner; puis, au printemps, il lui faut noliser de nouveaux vaisseaux : il ne peut mettre à la voile pour l'Égypte que le 30 mai 1249. Il avait cent vingt gros vaisseaux, seize à dix-sept cents voiles, deux mille huit cents chevaliers, cinq mille arbalétriers, et une nombreuse infanterie, en tout cinquante mille combattants au plus.

Le vieux sultan d'Égypte, Eyoub, malade et affaibli, avait pris ses précautions et garni Damiette, la plus exposée des villes du pays, mais il avait compté sans la furie française; la flotte force le passage, les chevaliers se jettent à terre, l'armée ennemie est dispersée et le roi entre à Damiette (6 juin). S'il avait marché immédiatement sur le Caire, peut-être la campagne eût-elle eu une issue toute différente; mais l'esprit de décision lui manquait : il commence par attendre son frère Alfonse de Poitiers, qui ne le joint que le 24 octobre, puis il perd encore un mois à délibérer s'il marchera vers le sud ou sur Alexandrie; enfin, le 20 novembre 1249, l'armée se met en route vers le Caire. La marche dans ce pays coupé de canaux était forcément difficile, ralentie encore par les attaques des Sarrasins. Eyoub était mort, mais Fakhr-eddin et les émirs, ainsi que la favorite Chedjer-eddor, avaient caché sa mort et dirigeaient les opérations jusqu'à l'arrivée du fils du défunt, Touran-Châh, alors en Syrie. En décembre, les chrétiens assiègent Mansourah, mais, arrêtés par un canal qu'ils ne peuvent détourner , ils perdent deux mois à chercher un gué qu'un Bédouin leur indique enfin en février 1250. L'armée franchit alors le canal (8 février); on sait la suite : le comte d'Artois, frère de saint Louis, entraîné par son ardeur, fond sur les Turcs, les disperse et va se faire, tuer à Mansourah même avec une foule de chevaliers; Louis IX rétablit le combat, éloigne les Turcs, mais la marche en avant est devenue par le fait impossible; la disette et la maladie se mettent dans le camp et, à la fin de mars, saint Louis se décide à regagner Damiette : il repasse le canal avec grand-peine (5 avril); dès le lendemain, il était obligé de se rendre, la majeure partie de l'armée massacrée, le camp pris. Bien peu de chrétiens regagnent Damiette, gage précieux que la fermeté de la reine Marguerite de Provence sut conserver.

Saint Louis, par sa fermeté, étonnait ses gardiens; le jeune sultan, après quelques atermoiements, se décide à lui accorder la liberté contre 400 000 besants et Damiette; le roi et les principaux seigneurs reprennent le chemin de la côte (28 avril 1250). Mais alors nouvelle péripétie : Touran-Châh est massacré par les émirs (2 mai); le traité est, par le fait, rompu et les captifs courent un instant les plus grands dangers. Enfin, le tumulte s'apaise; Chedjer-eddor est investie de l'autorité suprême, le traité est confirmé de nouveau, et, le 6 mai, les chrétiens sont mis en liberté. Les jours suivants, on verse aux Sarrasins la première moitié de la somme promise, on leur livre Damiette, et la petite troupe de saint Louis met à la voile pour Acre, qu'elle atteint le 12 mai 1250.

Saint Louis avait accompli son voeu, il pouvait regagner l'Europe; plein de pitié pour la Terre sainte, il va y rester encore trois longues années. Il commence par se refaire une petite armée et veut racheter les prisonniers restés en Égypte. Il réussit à délivrer les survivants à peu près sans bourse délier, les musulmans d'Égypte craignant une alliance de leurs ennemis de Syrie et des chrétiens, et on attend les secours de l'Occident. C'est en vain; rien n'arrive, les principaux barons abandonnent le roi les uns après les autres. Lui, cependant, négocie avec le nouveau sultan d'Égypte, Almelik-Alachraf, avec celui de Damas, Nacer-Yousouf, fortifie les villes du littoral, Sidon, Césarée, Acre, Joppé (Jaffa). Les Égyptiens se décident par crainte à rendre les captifs survivants, donnent à saint Louis quittance du reste de sa rançon, et ce prince reste spectateur attentif de la lutte entre les musulmans (octobre 1250- janvier 1251). Les princes d'Europe ne font d'ailleurs rien pour lui; le peuple seul répond à son appel; une masse confuse, les Pastoureaux, se met en marche, en 1251, pour aller secourir la Terre sainte, mais cette troupe, sans chefs, sans but bien déterminé, commet de tels excès que tout le monde doit s'armer contre elle et elle se disperse après avoir encore davantage découragé les derniers partisans de la croisade.

En 1252, saint Louis s'allie définitivement aux musulmans d'Égypte contre ceux de Syrie, et obtient d'eux la restitution éventuelle du royaume de Jérusalem, mais cette alliance reste infructueuse et, en 1253, le calife de Bagdad parvient à réconcilier les sultans de Syrie et d'Égypte et les décide à réunir toutes leurs forces contre les chrétiens. Saint Louis cependant a appris la mort de sa mère Blanche de Castille (décembre 1252); il comprend enfin que sa présence est nécessaire en Europe; il sent que les chrétiens de Syrie eux-mêmes désirent son éloignement pour éviter une rupture ouverte avec leurs ennemis. Il se décide à partir et met à la voile le 24 avril 1254. Il rentrait en France appauvri et malade, mais célèbre entre tous et déjà consacré bienheureux par tous les contemporains.

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